Les cantates de Bach pour les élections municipales

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Bach et la politique ? Voici une association bien étrange…

Bach et Luther, Bach et l’église. On connaît également Bach comme animateur du fameux Café Zimmerman, mais que viennent faire les élections municipales et le terrain politique dans le répertoire, sacré qui plus est, du Cantor de Leipzig ?
Il s’agit d’une tradition bien vivace à l’époque, dans un pays et un temps qui ignorent la séparation de l’Eglise et de l’Etat, que de fêter, lors du culte qui suit les élections, le conseil municipal fraîchement désigné !
La composition d’une cantate pour ce jour de fête entrait donc dans les attributions du Cantor, que ce soit à Arnstadt, Mühlhausen ou à Leipzig, les trois villes dans lequel Bach eut des responsabilités musicales religieuses et civiles.

À première vue, ces cantates ne diffèrent en rien des autres cantates sacrées de Johann Sebastian Bach, à ceci près qu’elles sont extrêmement festives : elles nécessitent pas moins de trois trompettes, de timbales, c’est-à-dire les effectifs les plus importants que Bach ait requis pour sa musique sacrée, la Passion selon Saint-Matthieu mise à part.
Elles témoignent d’un faste et d’un éclat sans pareil, sans perdre la beauté, l’intensité et l’intériorité propres à Bach.
Les textes, étonnamment loin de toute flatterie, ne manquent pas d’intérêt : réflexions sur le pouvoir de Dieu et celui des hommes, vœux et encouragements adressés aux nouveaux élus et espérances pour la communauté, ils reflètent l’esprit de leur temps.

Tout cela pourrait presque paraître anecdotique, s’il ne s’agissait pas de cantates parmi les plus belles de leur auteur :

Gott ist mein König Cantate BWV 71
Oeuvre de jeunesse d’un compositeur de 23 ans, elle est lumineuse par son orchestration riche et colorée (hautbois, flûtes à bec, trompettes) ; elle respire la jeunesse et l’inventivité.

Gott, man lobt dich in der Stille Cantate BWV 120
Elle présente un Bach de la maturité, à l’écriture intense et brillante à la fois, n’hésitant pas à reprendre une des plus belles pages de la célèbre messe en si mineur.

Wir danken dir Cantate BWV  29
Cette cantate est un chef-d’œuvre, s’ouvrant par un véritable concerto pour orgue brillantissime, suivi de chœurs et d’airs désormais célèbres montrant un compositeur au sommet de son art.


Sopranos : Stéphanie Revidat et Marion Tassou
Altos : Jean-Michel Fumas et Théophile Alexandre
Ténors : Olivier Dumait et  Vincent Lièvre-Picard
Basses : Romain Bockler et Jean-Baptiste Dumora
Orchestre Unisoni
Orgue et direction : Nicolas Bucher